La Gazette n°171

Du côté de la Coupe du Monde !!!

Au fur et à mesure que les matches de la Coupe du Monde se sont déroulés, une impression grandissante se forgeait dans mon esprit en regardant l’évolution des résultats : scores fleuve moins élevés, moins d’écarts de points importants, plus de résistance des David face aux Goliath que lors des précédentes CDM. En témoigne, le revers des Boks face aux Brave Blossoms. Les raisons peuvent être une expérience croissante des équipes «mineures» grâce à des entraineurs de plus en plus performants, aux expatriations des joueurs dans des championnats étrangers relevés, des analyses vidéo de plus en plus fines, des entrainements de plus en plus physiques, même si parmi ces nations, nombreuses d’entre elles ne pratiquent pas le rugby professionnel, et à l’opposé peut-être un tassement des stratégies de jeu, une trop grande sollicitation pour les matches de la saison rugbystique professionnelle pour les nations dans le top 10, notamment européennes qui peut entrainer une non participation due à des blessures de joueurs phares (les Gallois en savent quelque chose), une sélection des 31 joueurs pas toujours optimale (commentaires à remplir par vos soins !!!). Il y a bien évidemment d’autres facteurs qui jouent et chacun des fidèles lecteurs de cette gazette en a sûrement plusieurs à proposer. Il est clair qu’il s’agit d’une conjonction de facteurs qui s’influencent mutuellement pour expliquer cette impression qualitative de réduction des scores au sein des phases de poule. Alors adoptons une méthodologie quantitative en analysant les résultats à l’aide d’une approche statistique.

Pour cela, nous avons restreint volontairement notre champ d’analyse aux CDM 2003, 2007, 2011 et 2015 afin qu’il n’y a pas trop de dérives qui pourraient biaiser les résultats, par exemple en 1999, il y avait 5 poules de quatre nations, ce qui génère seulement 30 matches de poules, alors que depuis, nous avons 4 poules de 5, donc 40 matches.

De façon simple, le tableau suivant permet de répondre empiriquement à quelques unes des impressions invoquées dans l’introduction. En effet, les scores et les écarts de points maxima ont été plus que divisés par deux entre 2003 et 2015. Par contre, les valeurs médianes n’ont pas bougé depuis 2007. Enfin, seul l’écart de points moyen entre 2003 et 2015 est statistiquement différent (36,1 vs 23,9).

La figure ci-dessous nous permet d’exhiber une information supplémentaire : la dispersion des écarts moyens de points n’a apparemment pas cessé de diminuer au fil de ces quatre Coupes du Monde, cependant seule la variabilité de 2015 est significativement différente des trois autres. Il en va de même pour les scores. Suite au prochain numéro.

Nous ne nous étendrons pas sur le score des Bleus, ni sur la recherche de coupables. Par contre, quel dommage que le XV du Chardon et le XV du Poireau aient raté de justesse leur qualif en 1⁄2, alors qu’ils méritaient d’y être et quelle déception que le XV du Trèfle n’ait pas pu concrétiser son très beau parcours en matches de poule. Nous assisterons donc à un Four Nations dans le dernier carré, ce qui n’était jamais arrivé. Constat : il n’y a pas que le rugby Français qui est malade, mais également le rugby Européen.

La pensée de la semaine : “L’argent a tout foutu en l’air!!!” (Albert Ferrasse, juillet 1997).